L’avenir du rétrofit électrique : transformer les voitures thermiques en électriques

L’avenir du rétrofit électrique : transformer les voitures thermiques en électriques

Qu’est-ce que le rétrofit électrique ?

Le rétrofit électrique est une technique qui consiste à convertir un véhicule thermique existant — qu’il fonctionne à l’essence ou au diesel — en un véhicule électrique à batterie. Cette transformation implique le retrait du moteur à combustion interne, du système d’échappement et du réservoir de carburant, pour les remplacer par un moteur électrique, une batterie lithium-ion et un système de gestion d’énergie. L’objectif principal est de réduire les émissions de CO₂ tout en prolongeant la durée de vie des véhicules anciens.

De plus en plus prisée, cette alternative à l’achat d’un véhicule électrique neuf s’inscrit pleinement dans la démarche de transition énergétique. Elle permet de conserver le patrimoine automobile tout en répondant aux enjeux environnementaux posés par la mobilité urbaine et la réglementation européenne sur les émissions polluantes.

Un cadre légal en évolution

En France, le rétrofit électrique a longtemps été soumis à un cadre très restrictif. Mais en avril 2020, un arrêté ministériel a officiellement légalisé cette pratique sous certaines conditions. Depuis, le rétrofit est autorisé pour les véhicules de plus de 5 ans, à condition que la conversion soit réalisée par des installateurs agréés et homologuée par l’UTAC (Union Technique de l’Automobile, du motocycle et du Cycle).

L’homologation garantit que le véhicule transformé respecte les normes de sécurité, de performance et d’émissions requises pour circuler légalement. Cette ouverture réglementaire a stimulé l’émergence d’acteurs spécialisés dans le rétrofit, positionnant la France comme l’un des pays pionniers en Europe dans ce domaine.

Avantages environnementaux et économiques

Le rétrofit présente plusieurs avantages notables :

  • Réduction des émissions de CO₂ : En retirant le moteur thermique, source majeure de pollution, on élimine les émissions directes de gaz à effet de serre.
  • Valorisation du parc automobile existant : Plutôt que de mettre à la casse des véhicules encore en état de marche, on prolonge leur durée de vie de manière durable.
  • Accès aux zones à faibles émissions (ZFE) : Les voitures rétrofitées peuvent accéder à des zones interdites aux véhicules thermiques, un atout majeur en zone urbaine.
  • Coût inférieur à l’achat d’un véhicule électrique neuf : Bien que le coût initial du rétrofit puisse sembler élevé (entre 12 000 et 20 000 euros selon les modèles), il est souvent inférieur à celui d’un véhicule électrique équivalent.

En France, ce coût peut être allégé grâce à des aides financières nationales et régionales telles que le bonus rétrofit (jusqu’à 5 000 euros pour les véhicules particuliers) et des subventions locales spécifiques dans certaines régions ou métropoles.

Les technologies utilisées dans le rétrofit

Transformer un véhicule thermique en électrique nécessite une expertise technique importante et des composants électriques certifiés. Parmi les éléments clés d’une conversion réussie :

  • Le moteur électrique : Aimant permanent (synchrones) ou à induction (asynchrones), ces moteurs affichent des rendements supérieurs à 90 % et une maintenance réduite.
  • La batterie lithium-ion : Placée généralement sous le coffre ou le plancher, elle offre une capacité variable selon l’autonomie souhaitée. La majorité des kits intégrés offrent entre 100 et 250 km d’autonomie.
  • Le contrôleur : Il assure l’interface entre la pédale d’accélérateur, le moteur, les freins régénératifs et le système de gestion énergétique.
  • Le chargeur embarqué : Il permet la recharge sur les prises domestiques (2,3 kW) ou les bornes publiques (7-22 kW en courant alternatif).

L’ensemble du système doit être parfaitement calibré pour respecter les exigences de sécurité, de répartition du poids et d’équilibre du châssis. C’est pourquoi seules les entreprises certifiées peuvent délivrer une conversion homologuée.

Quels véhicules peuvent être rétrofités ?

En théorie, presque tous les véhicules thermiques peuvent être convertis, mais certains modèles se prêtent mieux à la conversion que d’autres :

  • Véhicules utilitaires légers : Fourgonnettes ou camions de livraison, souvent utilisés en centre-ville, sont privilégiés pour leur usage régulier sur courte distance.
  • Voitures de collection : Citroën 2CV, Renault 4L ou Porsche 911 font l’objet de projets de rétrofit pour mêler patrimoine et mobilité propre.
  • Véhicules de flotte : Taxis, VTC, véhicules municipaux offrent un potentiel de conversion rapide pour des usages professionnels.

La complexité technique, la disponibilité des pièces compatibles, le volume du coffre (pour loger la batterie) et la capacité de charge électrique influencent les projets potentiels. Les entreprises spécialisées étudient donc au cas par cas la faisabilité d’une conversion.

Quels sont les acteurs du rétrofit en France ?

Le marché français du rétrofit est en pleine structuration. Plusieurs start-ups et entreprises se sont spécialisées dans ce domaine, dont :

  • Transition-One : Basée à Orléans, cette entreprise propose des kits pour modèles populaires comme la Renault Twingo ou la Fiat 500.
  • Carwatt : Active dans le rétrofit de véhicules utilitaires et dans des projets de conversion pour collectivités et entreprises.
  • Retrofuture : Focalisée sur les véhicules de collection avec une approche “zero emission classic car”.

Chacune de ces entreprises développe ses propres kits homologués, souvent en partenariat avec des collectivités territoriales et des industriels de la filière automobile reconvertie dans les mobilités électriques.

Les défis du rétrofit en 2024

Malgré ses nombreux avantages, le rétrofit électrique doit encore surmonter plusieurs obstacles pour s’imposer comme une solution de masse dans la mobilité durable :

  • Coûts encore élevés en l’absence d’économies d’échelle : Produire des kits personnalisés pour chaque modèle reste coûteux en ingénierie et en main-d’œuvre.
  • Limitations en autonomie : Du fait de la place disponible et du poids maximal autorisé, l’espace pour intégrer des batteries puissantes reste réduit.
  • Complexité administrative : Obtenir l’homologation reste un processus technique et fastidieux qui freine l’adoption à large échelle.

Pour améliorer cette situation, des industriels et consortiums plaident pour une standardisation des kits, une reconnaissance européenne des homologations françaises, et une extension des aides à l’achat et des primes conversion pour les particuliers comme pour les professionnels.

Perspectives pour la mobilité électrique

Alors que les ZFE se généralisent dans les grandes métropoles et que les ventes de véhicules thermiques neufs seront interdites à l’horizon 2035 dans l’Union Européenne, le rétrofit joue un rôle clé dans la transition énergétique du parc automobile existant. Il représente une alternative concrète à l’achat d’un véhicule neuf, tout en répondant à la nécessité de sobriété énergétique, de recyclage et de réduction des déchets industriels.

Grâce au développement des technologies de batteries, à l’émergence d’acteurs industriels français et européens et à un soutien réglementaire croissant, le rétrofit pourrait bien devenir un pilier de la mobilité durable des prochaines décennies.

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