Introduction à la recharge solaire pour voitures électriques
Alors que la mobilité électrique se démocratise en France et en Europe, de plus en plus d’utilisateurs cherchent à maximiser l’autonomie énergétique et à réduire leur empreinte carbone. Une question revient souvent : peut-on recharger une voiture électrique avec des panneaux solaires domestiques ? La réponse est oui, mais elle dépend de nombreux facteurs techniques, économiques et environnementaux. Dans cet article, nous allons explorer les modalités, les avantages, les limites, mais aussi les configurations idéales pour optimiser ce mode de recharge.
Comprendre la production d’énergie solaire domestique
Les installations photovoltaïques résidentielles permettent de produire de l’électricité à partir de l’énergie solaire grâce à des panneaux, généralement installés sur la toiture. En France, l’ensoleillement annuel varie fortement selon les régions, ce qui impacte la production totale annuelle. Par exemple, un toit orienté plein sud dans le sud de la France produit en moyenne 1 300 à 1 600 kWh par kWc (kilowatt-crête) installé, contre 900 à 1 100 kWh dans le nord.
Une installation typique pour un particulier varie entre 3 kWc et 9 kWc selon la surface disponible du toit et l’investissement prévu. Une voiture électrique consommant environ 15 à 20 kWh aux 100 kilomètres nécessite donc entre 2 et 4 kWh pour chaque tranche de 20 kilomètres d’autonomie. Il devient alors possible de calculer le nombre de kilomètres pouvant être parcourus quotidiennement avec l’électricité solaire produite.
Combien de panneaux solaires pour recharger une voiture électrique ?
Pour évaluer la faisabilité de la recharge solaire, prenons l’exemple d’un particulier disposant d’une installation photovoltaïque de 6 kWc située à Lyon. Cette installation peut générer environ 7 800 kWh par an. Si l’utilisateur souhaite consacrer une partie de cette production à la recharge de sa voiture électrique, voici ce que cela représente :
- Consommation moyenne d’un véhicule électrique : environ 15 kWh/100 km
- Énergie nécessaire pour 10 000 km par an : 1 500 kWh
- Part de la production solaire dédiée à la recharge : environ 20 %
En théorie, une telle installation permet de couvrir les besoins annuels d’une voiture électrique pour une utilisation modérée. Toutefois, cela suppose une gestion optimisée de la charge et une bonne synchronisation entre production solaire et recharge.
Autoconsommation et recharge intelligente
Pour que la recharge solaire soit efficace, elle doit se faire en autoconsommation, c’est-à-dire que l’énergie produite est consommée directement sur place, sans passer par le réseau de distribution. Cela implique certains prérequis :
- Installer un onduleur bi-directionnel pour optimiser le flux d’énergie
- S’équiper d’une batterie domestique pour stocker l’énergie excédentaire
- Utiliser une borne de recharge intelligente (wallbox) compatible avec la gestion énergétique
- Charger le véhicule durant les heures d’ensoleillement, idéalement en journée
- Intermittence solaire : la production dépend fortement de la météorologie et de la saison. En hiver, dans certaines régions, la production peut être divisée par trois.
- Puissance disponible : une installation solaire ne produit que rarement la puissance maximale nécessaire pour recharger rapidement une voiture électrique. Il faut compter plusieurs heures pour une recharge significative.
- Sobriété énergétique : pour couvrir l’ensemble des besoins domestiques (éclairage, électroménager, chauffage éventuel), l’autoconsommation prend parfois le pas sur la recharge du véhicule.
- Prime à l’autoconsommation pour les installations inférieures à 100 kWc
- TVA réduite à 10 % pour des puissances inférieures ou égales à 3 kWc
- Obligation d’achat de surplus par EDF OA (Obligation d’Achat)
La programmation de la charge selon la production solaire est rendue possible grâce à des solutions de domotique ou des systèmes de gestion de l’énergie (EMS). Certains constructeurs de bornes comme SolarEdge, SMA ou encore MyEnergi proposent des produits spécifiquement conçus pour intégrer la recharge d’un VE à un système photovoltaïque domestique.
Rendement et efficacité : les limites techniques
Bien que la recharge solaire soit séduisante d’un point de vue écologique, elle présente certaines limites :
En fonction des priorités de consommation énergétique, il peut être utile de coupler l’installation avec une batterie domestique pour gérer les surplus de production. Les batteries lithium-ion comme la Tesla Powerwall ou la SonnenBatterie permettent d’accroître la part d’énergie solaire utilisée localement.
Les incitations financières et réglementaires en France
En France, l’autoconsommation photovoltaïque est encouragée par plusieurs dispositifs financiers :
De plus, certaines collectivités locales proposent des aides complémentaires pour les équipements solaires et les systèmes de recharge pour véhicules électriques. Il existe par ailleurs un taux de TVA réduit sur les bornes de recharge installées dans le cadre d’une rénovation ou d’un logement achevé depuis plus de deux ans.
Exemples de configurations de recharge solaire
Cas n°1 : Une maison individuelle avec 5 kWc de panneaux, une voiture électrique chargée 2 fois par semaine, principalement le week-end. Grâce à une wallbox connectée, la recharge est programmée selon la météo et les heures d’ensoleillement. L’électricité solaire couvre environ 60 % des besoins de recharge sur l’année.
Cas n°2 : Une résidence secondaire avec 3 kWc, sans batterie de stockage. La recharge nécessite souvent un complément via le réseau. Cependant, durant les vacances d’été, la majorité des trajets locaux sont couverts par la production solaire directe.
Vers une autonomie énergétique partielle ou complète ?
En combinant production photovoltaïque, borne de recharge intelligente et éventuellement batterie domestique, il devient possible de tendre vers une certaine autonomie énergétique. Toutefois, une autonomie complète est rare et difficile à atteindre sans surdimensionner l’installation.
En résumé, la recharge d’une voiture électrique via des panneaux solaires domestiques est non seulement possible, mais aussi pertinente dans une optique de décarbonation. Pour les utilisateurs disposant d’un toit bien orienté, d’horaires flexibles (permettant la recharge en journée) et d’un véhicule peu gourmand, l’équation peut être très avantageuse. En revanche, cela nécessite une réflexion en amont, une bonne connaissance des profils de consommation et des investissements initiaux non négligeables, rapidement rentabilisés selon les cas.

